
Promenade médiévale à Florence : introduction
La promenade que nous vous proposons à travers Florence est une découverte du coeur de la cité médiévale à travers ces ruelles au charme authentique, à l'écart des regards touristiques. Le thème ? La vie quotidienne au Moyen Age, à travers la vie économique, la politique intérieure, la littérature médiévale et l'art du bâti.
La promenade nous mène ainsi de la Place de la République au Musée du Bargello, c'est-à-dire selon une ligne perpendiculaire à la via del Calzaiuoli, l'artère principale de la ville joignant la Place de la Cathédrale à la Place de la Seigneurie. De la Place de la République, place économique antique et médiévale, la promenade nous révèlera l'art du bâti avec le Palais Davanzatti, maison bourgeoise typique de l'époque médiévale et musée de la demeure florentine.
Elle nous emmènera ensuite sur les traces des querelles intestines médiévales de Florence avec la découverte du Palais du Parti Guelfe, puis sur l'histoire de la richesse de ses marchands avec la Loggia du Nouveau Marché et l'église Orsanmichele. De là, après avoir traversé là via del Calzuioli, nous nous arrêterons devant la Maison de Dante afin d'évoquer le fondateur de la littérature Italienne. Enfin nous terminerons notre promenade avec une présentation extérieure du Musée du Bargello, le 1er palais du gouvernement de la cité, bien avant que le Vieux Palais de la Place de la Seigneurie n'ait été construit.
Florence : la Place de la République
La Piazza della Reppublica, la Place de la République... Regardez autour de vous ; c'est une vaste place rectangulaire bordés d'immeubles nobles très 19ème siècle, qui remplacèrent ceux d'un vieux quartier nécessitant, pour des raisons d'hygiène, une totale réhabilitation. Au centre, une fontaine.
Placez-vous à ses côtés. Sur l'un des grands côtés, une rue à arcades abrite de luxueux magasins : elle est coupée par la rue Strozzi menant au modèle des palais florentins de la Renaissance, le Palais de la famille Strozzi édifié à la fin du 15ème siècle. La rue est facile à reconnaître : elle est surmontée d'un arc tel un arc de triomphe. Positionnons-nous face à lui. Voilà. Et maintenant, que voyons-nous sur les deux petits côtés ? De grands cafés italiens. Regardez-les avec leur terrasse. Ils sont fiers, trônant sur la plupart de l'espace, le Café Giubbe Rosse.
C'est l'un des cafés les plus réputés d'Italie. Pourquoi ? Car il fut autrefois le lieu de rendez-vous de cercles littéraires : le QG des romantiques puis celui des idéologises fondateurs de revues intellectuelles littéraires : une sorte de Saint Germain des Près florentin. Une place animée donc, lieu de sortie des Florentins, le jour comme le soir... mais aussi lieu du marché hebdomadaire / quotidien, et ceci, depuis la nuit des temps.
Elle est tout d'abord centre du castrum romain. Puis elle accueille le forum de la cité antique romaine où se trouvent le capitole, un temple dédié à trois divinités et le marché romain. Au Moyen Age, toujours dans la continuité, elle est la Place du Vieux Marché. Et c'est ici que la vie économique de Florence bat son plein. De plus, la place du Vieux Marché accueillait le siège des corporations des métiers de l'époque : ces entités dont le rôle économique était étroitement lié à la vie politique intérieure étaient ainsi de véritables lobbies puissants.
Un thème dont nous reparlerons plus tard au cours de notre promenade. Et maintenant partons à la rencontre de la cité médiévale telle qu'elle l'était et pénétrons dans ce réseau de rues étroites. Notre première étape est le Palais Davanzati. Pour y arriver, traversons la place jusqu'à la rue à arcades. Puis longeons-la en prenant sur la gauche ; les bâtiments de la poste sont alors sur notre droite. Cette rue, la via Pellicceria aboutit sur une rue perpendiculaire, la via Porta Rossa qui clôt le quartier cernant la place, rénovée au 19ème siècle.
Florence : le Palais Davanzati
Etes vous bien à l'angle de la via Pelliceria et de la via Porta Rossa ? Bien, alors prenez à présent sur votre droite. Le Palais Davanzati se trouve à environ 50 mètres de là où nous nous trouvons, sur le trottoir d'en face. A quoi le reconnaît-on ? Tout d'abord, il y sera inscrit « Palais Davanzati - Museo della Casa fiorentina antica » ; de plus, le palais est pourvu d'une loggia dans sa partie supérieure. C'est un espace à colonnade ouvert sous toit.
Alors, le Palais Davanzati marque le début de notre découverte d'une Florence méconnue, médiévale et non Renaissante. Il est à la fois le modèle architectural du palais du 14ème siècle et le musée de la maison florentine. Observons ce palais de plus près. Le rez-de-chaussée est composé de 3 portes ; au-dessus, trois niveaux de fenêtres ; enfin, au dernier étage, une loggia haute ouverte sur l'extérieur. En cela rien d'extraordinaire, mais regardez bien sous chaque rangée de fenêtres...
Une corniche étroite, ou mince bandeau de pierres, souligne les différents niveaux du palais, non pas à hauteur des planchers mais à hauteur d'appui des fenêtres comme si celles-ci étaient posées dessus : un effet purement esthétique que l'on retrouvera aussi à l'époque suivante. Autre caractéristique, l'élévation de cette maison, toute en hauteur, et cela, de façon d'autant plus visible que la demeure est étroite.
Mais revenons à l'histoire de ce palais. Comme nous l'avons dit précédemment, le palais Davanzati est le type même d'un palais de négociant. Belle démonstration puisqu'il fut édifié au 14e siècle par un riche marchand de laine, exportée à travers toute l'Europe et faisant la richesse économique de Florence. Au 16e siècle, le bâtiment est acquis par celui qui lui donna son nom, Bernardo Davanzati, historien et homme de lettres. Il fait ajouter la loggia, comme cela se faisait couramment à cette époque.
Restauré au début du 20ème siècle, il accueille aujourd'hui le « Musée de la Demeure florentine ». Il est ainsi, à la fois, un écrin médiéval pour un mobilier moyenâgeux et renaissant d'une grande valeur et une bonne évocation de la vie à cette époque à travers
- la salle à manger,
- la chambre à coucher,
- la cuisine,
- le salon de réception,
- ou encore le puits desservant chaque étage.
Les riches tentures, et les plafonds ornés complètent la richesse de cette collection que nous vous invitons vivement à découvrir. Allons maintenant voir un autre palais médiéval emblématique, celui du Parti Guelfe. Pour cela, reprenons la Via Porta Rossa jusqu'à l'angle avec la via Pellicceria, la rue à arcades menant à la place de la République. Et tournons à droite jusqu'au palais du Parti Guelfe. Il se trouve à environ 100 mètres de là où nous nous trouvons, 50 mètres jusqu'à l'angle puis 50 mètres jusqu'au palais.
Florence : le Palais du Parti Guelfe
Êtes-vous bien devant le palais du Parti Guelfe ? Alors placez-vous face à l'entrée de ce palais. Elle se trouve sur la place du même nom, celle où vous êtes. Regardons cette façade : elle est la partie la plus ancienne du bâtiment élevé au 14ème siècle. Elle est, à cet égard, ornée d'une grande fenêtre de style gothique, pourvu d'accolades, et, menant au 1er étage, d'un escalier orné de pilastres octogonaux et recouvert d'un toit.
Mais qu'était donc le parti guelfe ? un parti politique, certes ; mais lié tout autant à la politique extérieure de la cité qu'à la politique intérieure. Pourquoi ? Eh bien, revenons sur l'histoire des Guelfes et de leurs adversaires, les Gibelins. Et maintenant, contemplons de nouveau cet édifice. La façade du 14ème siècle devant laquelle nous sommes a été complétée ultérieurement par une autre aile qui se trouve à l'autre angle, entre la Via delle Terme et la Via di Carpaccio.
Allons la voir et, pour cela, contournons le palais par la droite. Etes vous bien devant la façade Renaissance ? Cet édifice d'un autre style que le précédent a été réalisé au début du 15ème sur un dessin de Brunelleschi, le génial architecte de la coupole de la cathédrale de Florence ; il est achevé à la fin du 16ème siècle par l'auteur de la loggia, Giorgio Vasari, l'architecte officiel des ducs de Toscane. La façade que nous voyons est typique du style ordonné de Brunelleschi Brunelleschi et Vasari furent aussi les décorateurs intérieurs de ce palais.
Edifice qui est aujourd'hui le siège de l'université populaire de la cité florentine. Continuons à présent notre promenade jusqu'au Mercato Nuovo, le Nouveau Marché. Il se trouve juste à côté d'ici puisque nous pouvons le voir de là où nous nous trouvons : il est dans la rue Carpaccio, un pâté de maisons après, sur le trottoir d'en face. En vous en approchant, arrêtez-vous devant la fontaine située au bord de l'édifice. Elle est ornée d'un sanglier en bronze.
La fontaine « le porcelet » et la loggia du Nouveau Marché
La fontaine que nous pouvons admirer est surnommée, par les habitants de la cité, le Porcellino, « le porcelet » du fait de la présence du sanglier en bronze réalisée au 17ème siècle par Pietro Tacca. Cette oeuvre est une copie d'un marbre du 3ème siècle avant Jésus-Christ offert à Cosme Ier de Médicis, duc de Toscane, par le pape Paul 4. La sculpture antique est aujourd'hui exposée dans le Corridor de Vasari, longue galerie d'1 kilomètre reliant le Vieux Palais de la place de la Seigneurie au Palais Pitti.
Mais l'oeuvre que nous voyons est plutôt une curiosité qu'autre chose. Car, lancez une pièce dans la vasque et vous reviendrez à Florence. Tradition ou superstition, peu importe... N'hésitez pas à vous laisser tenter ! Revenons à présent au fil conducteur de cette promenade : le Moyen Age. Et pénétrons dans la loggia du Nouveau Marché : la loggia n'est ici pas au dernier étage, mais au rez-de-chaussée.
C'est le bâtiment à arcades. Nous sommes dans la loggia du Nouveau Marché. Regardez autour de vous. Artisanat et souvenirs évoquent le marché qui emplissait les lieux. Un marché de nouveau très évocateur de l'effervescence de ce quartier des affaires depuis le Moyen Age jusqu'au 19ème siècle. Mais pourquoi « nouveau » marché ? Par opposition au vieux marché, occupant autrefois la place de la République... et que nous avons évoquée au début de cette promenade. Mais aussi par envie de nouveauté, comme le souhaita Cosme 1er de Médicis au 16ème siècle, chef du gouvernement de Florence et duc de Toscane.
Car Cosme, mis en place par l'empereur Charles Quint, voulut asseoir son pouvoir en modernisant la cité : il la pare de beautés artistiques et repense l'urbanisme : il modifie la décoration du palais du gouvernement ; il orne la place de la Seigneurie d'oeuvres d'art ; il fait peindre la coupole de la cathédrale ; il crée les Offices ; il rénove le quartier des affaires... De vastes opérations de mécénat, notamment grâce aux richesses accumulées par la cité et par l'Etat florentin.
Mais revenons à la loggia où nous nous trouvons. Sa situation géographique dans la cité est non seulement un choix délibéré, mais aussi un choix stratégique, car le nouveau marché fut édifié dans le prolongement de la Via Calimala, rue qui mène à la Place de la République. Une situation idéale donc. Pourquoi ? Seul le nom de Calimala peut vous en révéler le secret. « Cali - mala » : la « rue mauvaise » : serait-ce une évocation des activités douteuses de la rue ? peut-être autrefois, loin dans l'histoire, mais déjà plus au Moyen Age alors que Florence montait économiquement, et cela grâce au commerce de la laine, et des draps...
Oui, car c'est ici que la corporation des drapiers se trouvait. Et pour Florence, ce n'est pas peu dire ! Cette corporation fut au Moyen Age le noyau dur de la richesse de la cité ; elle fut aussi un modèle à l'origine de l'organisation civile de la cité - économique et politique. La démocratie qui gérait cette corporation fut un modèle pour la mise en place du gouvernement de Florence. Nous pouvons à présent ressortir de la loggia afin d'aller jusqu'à Orsanmichele.
A cet effet, traversons la via Porta Rossa qui longe la loggia afin de prendre ensemble la via Calimala. De là, tournez, à environ 30 mètres d'ici, dans la première rue à droite. Puis prenez la première petite rue à gauche, la via dell'Arte della Lana, la rue de l'art de la laine : un nom on ne peut plus évocateur après la visite du Nouveau Marché ! Vous serez devant un édifice décoré de statues dans les niches : c'est l'église Orsanmichele.
Florence : Orsanmichele
Etes vous bien devant Orsanmichele ? Si oui, vous devriez voir 3 saints, chacun dans leur niche. Bien... alors, voyons un peu l'histoire de ce curieux édifice, car si vous regardez les étages supérieurs, rien ne semble indiquer que c'est une église... Cet édifice, au coeur du quartier économique de la cité, est ainsi L'EGLISE des corporations de la cité florentine. Et c'est ce qu'indique toutes les statues qui la décorent extérieurement, car chaque personnage inscrit dans une niche est le saint protecteur de l'une des corporations médiévales. Regardons face à nous.
De gauche à droite, saint Matthieu est ainsi le saint protecteur des changeurs, saint Etienne au centre, des Lainiers, et, saint Eloi des Forgerons. Sur le côté gauche de l'édifice, nous avons représenté les saints protecteurs des bouchers, des cordonniers, des charpentiers, des armuriers ; sur le côté droit, sont ainsi évoqués la médecine et la brocante et les métiers liés à la soie, à la fourrure.
Enfin du côté opposé, les saints protecteurs des juges et notaires, du commerce et de Calimala, la plus réputée des corporations florentines et la plus fière. Ces trois derniers saints protecteurs dont l'importance est sans doute sont d'ailleurs situés sur la via Calzaiuoli, la rue reliant les pouvoirs politiques et religieux. Tout un symbole... vitrine de la puissance de l'économie en la cité ! Et maintenant, faisons le tour de cette église ensemble afin de découvrir quelques-unes de ces statues car, si elles révèlent l'économie d'une ville, elles sont aussi un véritable musée à ciel ouvert de la sculpture florentine du 14ème au 16ème siècle. Les plus illustres datant du début du 15ème siècle. Nous tournerons dans le sens des aiguilles d'une montre.
Mais commençons tout d'abord par ce qui est face à nous, le saint Etienne situé au centre de cette paroi. (Visite extérieure : Saint Georges de Donatello : le 1er sur le côté gauche les 4 saints de Nanni di Banco : le 2ème sur le côté gauche puis le saint Thomas de Verrocchio = commerce, au centre sur la via Calzaiuoli retour « case départ » par le côté droit Orsanmichele est ainsi une apologie des métiers. C'est ce qui transparaît de l'édifice en en faisant le tour ; mais c'est aussi ce qui transparaît de la décoration intérieure. Et c'est pourquoi nous vous invitons à visiter l'intérieur de l'église.
L'entrée est face à nous, via dell'Arte della Lana. Visite intérieure : quelques saints patrons situés sur les cotes significatives des corporations et l'autel situe dans le fonds a droite pour la peinture de Bernardo Daddi : notre dame des grâces.
N.b. : les fresques sont très effacées.
- Peut-on bien voir les saints suivants : Saint jean baptiste juste a l'entree sur le pilier de gauche et saint julien sur le pilier de droite (saint transportant sur son dos un lépreux pour traverser un cours d'eau)
- Sur l'un des deux piliers centraux de l'eglise : le premier en partant de l'entree : sur le côté faisant face à l'autel : Sainte Annonciation représentant l'annonciation et la nativité, protectrice de l'art des Charpentiers. La visite se termine par l'autel.
Il est possible de visiter la salle supérieure en passant par le palais de la Laine, un corridor au-dessus de la via dell'arte della lana relie les deux bâtiments. La visite d'Orsanmichele est maintenant terminée, alors continuons notre promenade en direction de la maison du maître de la littérature italienne, Dante Alighieri. Pour cela, traversons-la via Calzaiuoli et prenons la rue située à gauche de l'église San Carlo faisant face à Orsanmichele.
Cette rue perpendiculaire à la via Calzaiuoli s'appelle la via dei Tavolini. Retrouvons-nous-y à l'entrée. Etes vous bien à l'entrée de la via dei Tavolini ? Alors, prenez tout droit jusqu'à la première petite placette. Sur celle-ci, vous verrez à droite une chapelle, la Capella San Martino, la chapelle Saint Martin. Et à présent, prenons la rue située dans le prolongement de la via dei Tavolini, appelée la via Dante Alighieri. Elle est sur votre droite en sortant de la chapelle.
De là, à une cinquantaine de mètres, vous vous retrouverez de nouveau sur une placette derrière laquelle se trouve la Maison de Dante. Vous la reconnaîtrez à sa tour tronquée. Faites-y face. Nous sommes sur la place de Dante Alighieri. Faites face à son buste installé sur la petite place. Terminons maintenant notre promenade en poursuivant la rue de Dante jusqu'à sa fin. Vous remarquerez ô combien cette rue étroite a le charme d'être désertée par la foule ; elle semble même presque sauvage avec ses herbes folles dépassant des hauts murs situés sur la droite.
En bout de parcours, nous arrivons dans la via del Proconsolo. Sur la droite et sur le trottoir opposé, un immense bâtiment de briques : le palais du Bargello, le Musée national de la sculpture florentine. Retrouvons nous y devant l'entrée afin d'évoquer ce que fut la démocratie médiévale à l'époque où les Médicis ne régnaient pas encore sur la cité.